Intensification des conflits dans l’état Kachin : le Conseil de Sécurité doit agir

Intensification des conflits dans l’état Kachin : le Conseil de Sécurité doit agir

Info Birmanie soutient les demandes des 32 organisations Kachin signataires de cet appel. La France, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, doit absolument maintenir un travail au auprès de la Chine et la Russie qui bloquent toutes les tentatives du Conseil d’intervenir concrètement en faveur des minorités ethniques en Birmanie, dont les droits humains sont constamment violés. L’accès à la justice est aujourd’hui indispensable. Alors que plusieurs rapports ont documenté ce qui s’apparente à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité dans les états d’Arakan, Kachin et Shan, le Conseil de Sécurité doit renvoyer de toute urgence la Birmanie devant la Cour Pénale Internationale. 

Les communautés Kachin du monde entier demandent au Conseil de Sécurité des Nations Unies de renvoyer de toute urgence la Birmanie devant la Cour Pénale Internationale

Le 23 avril 2018

L’armée birmane a rompu le cessez-le-feu avec la Kachin Independance Organisation en 2011.  Depuis lors, les habitants de la région Kachin ont enduré plusieurs formes de violation des droits humains ainsi que le refus de l’assistance humanitaire par les militaires. Leur existence quotidienne a également été dictée par les vagues successives du conflit armé. Les récents développements de la campagne militaire de l’armée birmane dans l’état Kachin a forcé des milliers de civils à fuir leurs villages et nombreux sont ceux qui sont encore piégés dans les zones de combats.

Notre peuple a été sujet à de nombreuses violations de la loi internationale, dont les exécutions, la torture, les déplacements forcés, le travail forcé, les viols et autres formes de violence sexuelle, la confiscation de propriétés, les arrestations arbitraires et la détention, ainsi que le refus de l’assistance humanitaire.

Ces violations des droits humains ne sont pas nouvelles pour les Kachin, ou pour d’autres groupes ethniques en Birmanie. Les forces armées gouvernementales birmanes ont utilisé ces tactiques dans le but de susciter la peur et le contrôle dans leurs tentatives de destruction de notre identité ethnique, de destruction de notre religion, de colonisation de nos terres et de pillage de nos ressources naturelles.

Malgré ses obligations, la communauté internationale, notamment les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ont failli à leur devoir de faire respecter la loi internationale. Ainsi, estimant que la communauté internationale est trop faible pour faire respecter la loi et faire en sorte qu’ils soient tenus responsables de leurs crimes, les militaires birmans intensifient leurs attaques contre les groupes ethniques dans le pays, particulièrement dans les états d’Arakan, Kachin et Shan, et plus récemment en rompant le cessez-le-feu dans l’état Karen.

Au cours des dernières semaines, les militaires ont tué trois civils Kachin, et un militant environnementaliste Karen.

Le 11 avril, Npawp Naw Ring (âgé de 22 ans) était tué par le tir d’un obusier de 105 mm du Commandement des Opérations Régionales de l’armée birmane basé à Danai, dans le village de Awng Lawt, township de Danai.

Le 14 avril, les militaires ont utilisé de l’artillerie lourde dans le village de Dumbung et tué U Kyaw Myint Oo.

Il s’agit de crimes de guerre, mais pas un seul pays n’a condamné ces exécutions ou promis de prendre des mesures en réponse à ces actes.

Les habitants de Lai Nawng Hku sont maintenant à Man Wai, constamment sous surveillance de l’armée birmane, leurs déplacements limités. Les villageois de Pajau ont fui vers la frontière chinoise, et les villageois de Kasung vers Namti en raison de l’intensification des combats des dernières semaines. La semaine passée, plus de 2000 villageois de Awng Lawt, Sut et Sut Ring Yang ont fui leurs villages pour échapper aux tirs d’artillerie incessants de l’armée birmane. Aujourd’hui, au moins 1200 civils sont coincés dans la jungle.

Nous ne nous attendons pas à l’amélioration prochaine des conditions de ces civils étant donné les rapports émanant des sources locales évoquant l’arrivée continue de troupes d’infanterie de l’armée birmane dans l’état Kachin. Les leaders Kachin religieux et communautaires ont demandé aux autorités l’autorisation d’évacuer les civils pris au piège pour leur sécurité. Cependant, cette demande n’a pas été satisfaite. Il est important de noter que même lorsque cet épisode spécifique de crise humanitaire s’éloignera, un autre surviendra en raison du conflit armé en cours.

Alors que la culture de l’impunité de l’armée birmane reste notable, le gouvernement birman n’est pas apte à l’exercice de l’état de droit et ne possède pas la capacité de protection de la vie de ses citoyens. Une fois de plus, nous appelons la communauté internationale à faire en sorte que les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité répondent de leurs actes, avant que le conflit actuel ne s’étende aux régions frontalières.

Les Nations Unies devraient aller de l’avant, avec la nomination de l’Envoyé Spécial pour la Birmanie, pour immédiatement l’envoyer dans les zones Kachin, afin de négocier notamment l’accès humanitaire et le respect de la liberté de mouvement.

Nous souhaiterions voir la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’ASEAN agir en tant que médiateur pour rechercher une résolution durable de la longue guerre civile en cours dans le Kachin. Cet accord doit être maintenu par une mission de maintien de la paix régionale ou internationale dans l’état Kachin, afin d’imposer le repositionnement des troupes et de protéger les populations civils.

Les preuves de violations de la loi internationale commises par les militaires birmans de manquent pas. Les Nations Unies documentent ces crimes depuis des décennies. En 2016, une analyse détaillée a statué que ce qui pourrait s’apparenter à des crimes de guerre était commis dans les états Kachin et Shan. Les Nations Unies ont également statué que les violations de droits humains dans l’état d’Arakan pourraient constituer des crimes contre l’humanité et même s’élever à des éléments constitutifs de génocide.

Au même moment, le gouvernement et les militaires birmans continuent de commettre des violations des droits humains, de nier ces droits, de couvrir leurs violations, et d’arrêter et d’emprisonner ceux qui cherchent à les exposer. Il n’y a aucune perspective d’un véritable processus au sujet de la détermination de la responsabilité des violations de la loi internationale, et la communauté internationale ne devrait pas se cacher derrière de nouvelles enquêtes artificielles annoncées par le gouvernement birman et devrait assumer ses responsabilités.

Les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies doivent soutenir une résolution renvoyant la Birmanie devant la Cour Pénale Internationale.

Les membres du Conseil qui bloquent une saisine de la Cour Pénale Internationale ne prennent pas une décision neutre, et il ne s’agit pas simplement d’inaction. Ils prennent une décision active permettant à l’armée birmane de continuer à exécuter des populations civiles issues des minorités ethniques.

Nous demandons seulement aux membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies de remplir leur mission. De faire face à leurs responsabilités. Mettre fin au sentiment d’impunité de l’armée birmane aura un impact immédiat dans la réduction des violations des droits humains, et les tenir  responsables de leurs crimes est essentiel pour que la paix, la sécurité et une véritable démocratie puissent devenir réalité en Birmanie, et pour que les droits humains et la diversité ethnique soient respectés dans le pays.

Les organisations signataires:

  1. Kachin Refugee Committee, Kuala Lumpur, Malaysia
  2. Kachin Development Networking Group -KDNG
  3. Kachin Women Union (KWU)
  4. Kachin Women Association Japan
  5. Kachin Women Association-Burma
  6. Pyoe Development Organization
  7. Htoi Gender and Development Foundation
  8. Kachin State Women Network – KSWN
  9. Kachin National Organization (Japan)
  10. Kachin National Organization (Denmark)
  11. Kachin Association Norway
  12. Kachin Women’ s Association of Thailand (KWAT)
  13. Kachin Canadian Association, Canada
  14. Kachin National Organization
  15. Kachin Community UK (KCUK)
  16. Singpho Youth Organization, Arunachal Pradesh, India.
  17. The Kachin Relief Fund (UK charity)
  18. Kunpawng Ninghtoi
  19. Kachin Peace Network
  20. Community Health And Development (CHAD)- Burma
  21. Kachin Alliance
  22. Kachin Community New Zealand
  23. Kachin Community Sweden
  24. Kachin Community Germany
  25. Kachin Community Czech Republic
  26. Kachin Community Netherlands
  27. Humanity Institute (HI)
  28. Kachin National Social Development Foundation
  29. Kachin Litrature and Culture (JLH) Singapore
  30. Shingnip Kachin Legal Aid Network
  31. All Kachin Youth Union (AKYU)
  32. Kachin Association Of Australia (KAA-NSW)

 

Contacts presse :

France
Camille Cuisset, Info Birmanie : Camille@info-birmanie.org / 0762806133

Mr. Mung Dan, Email:mangoesdam@gmail.com, Phone: +95 925 9460 650,
Ms. Khonja, Email:khonja2014@gmail.com, Phone: +95 942 5288 899
Mrs. Moon Nay Li, Email:kwat.secretariat@gmail.com, Phone: +66 855 233 791
Mr. Hkanhpa Sadan, Email:hkanhpa@hotmail.com, Phone: +44 7944 240774
Mr. Nsang Gum San, Email:gumsan@kachinalliance.org,  Phone: +1 443-415-8683